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la guerre des boutons


entendant, un regard affolé et se tut obstinément comme si le chat lui eût mangé la langue. Ils n’eurent pas plus de succès auprès de Boulot.

Décidément, ça devenait grave.

Tous les pères étaient sur le seuil de leur porte. Camus fut aussi muet que Tintin, et La Crique eut un geste d’épaules qui en disait long, très long.

Grangibus pensait se rattraper dans la cour de l’école. Mais le père Simon ne leur permit pas d’y entrer.

En arrêt devant la porte, il les parquait par deux dès leur arrivée avec défense d’ouvrir la bouche.

Grangibus regretta amèrement de n’avoir pas suivi son impulsion première qui lui commandait d’accompagner Gambette dans ses recherches et d’avoir laissé à son frère le soin de les renseigner.

On entra.

Le maître, du haut de sa chaire, droit et sévère, sa règle d’ébène à la main, commença par flétrir en termes énergiques leur conduite sauvage de la veille, indigne de citoyens civilisés, vivant en République dont la devise était : liberté, égalité, fraternité !

Il les compara ensuite aux êtres apparemment les plus horrifiques et les plus dégradés de la création : aux apaches, aux anthropophages, aux ilotes antiques, aux singes de Sumatra et de l’Afrique équatoriale, aux tigres, aux loups, aux indigènes