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la guerre des boutons


graisseux plié en quatre, que l’autre ouvrit et sur lequel il lut :

« Mocieu le maître,

« Je vous envoi sé deux mots pour vous dire que j’ai gardé Léon à la méson à cause de mes rumatisses pour arrangé les bêtes.

« Jean-Baptiste Cassard. »

C’était Gambette qui avait rédigé le billet, et Grangibus qui l’avait signé pour le père de l’absent, afin que les deux écritures ne se ressemblassent point : il passa haut la main.

La chose, d’ailleurs, n’inquiétait pas les guerriers ; Gambette, on le savait, était souvent retenu à la maison.

Mais si Gambette revenait avec Grangibus, c’est qu’il avait trouvé la cabane des Velrans et repris le trésor.

Les yeux de Lebrac flamboyaient comme ceux d’un loup ; les camarades n’étaient pas moins intéressés. Ah ! comme elle était oubliée la pile de l’avant-dernier dimanche, et comme les promesses et les serments arrachés de force à leurs lèvres pesaient peu à leurs âmes de douze ans !

— Ça y est ti ? interrogea-t-il.

— Voui, ça y est, fit Gambette.

Lebrac faillit pâlir et tomber, il ravala sa salive.

Tintin, La Crique, Boulot avaient entendu la demande et la réponse ; eux aussi étaient pâles.