Page:Pernette du Guillet - Rymes, Tournes, 1545.djvu/14

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petit amas de rymes, lesquelles elle nous laissa pour tesmoingnage de la d’exterité de son divin esprit, & lequel, en le lisant, sera suffisant (j’en suis tout asseuré) de la faire regretter non seulement a ses accointées, mais aussi a toutes personnes de vertu avec une perpetuelle hayne contre la Mort, qui nous à privez de la consummation, que par cest heureux commancement la felicité de son celeste engin nous promettoit. Car, veu le peu de temps, que les Cieulx l’ont laissée entre nous, il est quasi incroyable comme elle à peu avoir le loysir, je ne dy seulement de se rendre si parfaictement asseurée en tous instrumentz musiquaulx, soit au Luth, Espinette, & autres, lesquelz de soy requierent une bien longue vie a se y rendre parfaictz, comme elle estoit, & tellement, que la promptitude, qu’elle y avoit, donnoit cause d’esbahissement aux plus experimentez : mais encores a si bien dispencer le reste de ses bonnes heures, quelle l’aye employé a toutes bonnes lettres, par lesquelles elle avoit eu premierement entiere & familiere congnoissance des plus louables vulgaires (oultre le sien) comme du Thuscan, & Castillan, tant, que sa plume en pouvoit faire foy : & apres avoir jà bien avant passé les rudimentz de la langue Latine aspirant a la Grecque (si la Lampe de sa vie eust peu veiller