Page:Pernette du Guillet - Rymes, Tournes, 1545.djvu/32

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Prenez vous en au temps, qui m’à appris,
Qu’en me traitant rudement, comme maistre,
Jamais sur moy ne gaignerez le prys.
Et toutes fois vous voyant toujours pris
En mon endroit, vostre ardeur me convye
Par ce hault bien, que de vous j’ay compris,
A demeurer vostre toute ma vie.


Si je n’ay peu, comme voulois,
Vous reciter au long, & dire
Ce, dequoy tant je me doulois,
Imputez le a mon cueur plein d’ire,
Pour n’avoir peu ouyr mesdire
Du bien, que je doibs estimer,
Et pour qui on debvroit mauldire
Tous ceulx, qui m’en veulent blasmer.


O vraye amour, dont je suis prise,
Comment m’as tu si bien apprise,
Que de mon Jour tant me contente
Que je n’en espere autre attente,
Que celle de ce doulx amer,
Pour me guerir du mal d’aymer.

Du bien j’ay eu la jouyssance,