Page:Pernette du Guillet - Rymes, Tournes, 1545.djvu/78

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Si m’en enquis au long, & a loisir,
D’un poursuyvant, qui d’ardeur perissoit
Pour parvenir au but de son plaisir.
Mais la clarté, qui tant plaisante yssoit
(Ce me dit il) des yeulx de la Princesse,
Tous poursuyvantz en sorte esblouissoit,
Que plus suoyent, & travailloient sans cesse,
Plus ce travail leur estoit grand repos,
Et tout tourment leur servoit de lyesse :
Encor que point n’eussent a tous propos
Si bon aspect d’elle, qu’ilz esperoient,
Si n’estoient ilz pour celà moins dispos :
Ains que tousjours apres ilz tascheroient,
Sans regarder que leur destruction,
Et temps perdu les desespereroient.
Parquoy, voyant leur grand confusion,
Je ne me peux tenir alors de rire,
Bien que sentisse estre une illusion :
Et d’une joye entremeslee d’ire
Non seulement me prins a detester
Ces Monstres vains, mais tresbien les mauldire :
Veu qu’ilz venoient le monde inquieter,
Et si ne sont d’eulx mesmes moins, qu’une umbre,
Qui le cerveau nous vient a hebeter,
Au libre arbitre estant fascheux encombre