Page:Pernette du Guillet - Rymes, Tournes, 1545.djvu/81

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Font le Soleil de grand honte retraire :
Ainsi je meurs, estant contrainct me taire.
Pour moy ne voy remede suffisant,
Ne pour ma peine aucun moyen duisant :
Car mon desir à peur de desirer :
Qui tant plus croict, tant plus faict empirer
Ce mien espoir, qui peu a peu me fault :
Et toutesfois en moy point ne deffault,
N’y s’amoindrit ma grande passion :
Mais tousjours croict par obstination.
La Mort me fuit, non pour paix me donner,
Mais seulement pour ne m’abandonner :
Aussi celle est, qui pallie, & adumbre
De mes travaulx un non guieres grand nombre :
Parquoy je dy (sans ailleurs recourir)
Qu’on peult trouver plus grand mal, que mourir :
Mais bien meilleur est mourir a qui ayme
En grand douleur, & peine tant extresme :
Car, vivant, fault (miserable) qu’il sente
Les grandz douleurs de la peine presente,
Ayant tousjours du passé souvenir :
La craincte aussi de celles a venir
Incessamment luy redouble sa peine :
Parquoy sa foy est en espoir bien vaine.
Chetifz Amantz : aucun ne deubt s’offrir