Il tremblait d’une colère insensée ; sa lourde mâchoire faisait durement saillie.
— Tu veux t’en aller ? Eh bien ! qu’attends-tu ? Mais tu me dois plus de mille francs et tu me les donneras, sache-le bien !
La bru prit son chapeau, son ombrelle, son sac.
— Il ne faut pas être fâchée, dit Mazureau ; revenez quand cela vous fera plaisir.
— Oui ! oui ! dit-elle en s’en allant.
Elle n’était pas seulement fâchée : elle avait peur !
Quatre ou cinq jours plus tard, elle recevait des bureaux une lettre marquée de cachets à tous les coins où on lui demandait quelques explications. Elle répondit tout de suite et très longuement, pour bien faire. Et sans perdre de temps, elle envoya neuf cents francs à Mazureau.
Elle ne possédait pas un sou de plus.
Bernard alla avec son grand-père toucher les neuf cents francs au bureau de poste. Ce fut lui qui les prit au guichet, les compta et les mit en poche ; puis il revint les placer dans le tiroir, non point tout à fait avec l’argent du grand-père, mais à côté, dans une liasse à part.
Ce fut lui également qui, ce jour-là, mena le travail.
Dans la soirée une inquiétude nouvelle vint l’assaillir.
— Nous sommes dans la plaine à travailler, dit-il à son grand-père et il n’y a personne chez nous… Il serait facile de nous voler.
— Les portes ferment bien, répondit Mazureau, et les voisines ne sont pas loin.