Bernard l’interrompit. Il demanda, tourné vers son grand-père :
— Ce Maurice, qu’est-ce donc au juste ? Je ne l’ai vu qu’une fois, je ne le connais pas trop…
Mazureau répondit :
— C’est un ancien valet de chez nous.
Alors Bernard s’adressa à sa tante et lui demanda tout droit :
— C’est ton galant ? Penses-tu te marier avec lui ?
Éveline ne put s’empêcher de rire.
— Oui, dit-elle, je le pense… donneras-tu ton consentement ?
Ni l’enfant ni le grand-père ne firent écho à sa joie. Elle crut devoir dire, pour les intéresser à ses pensées :
— Maurice vous plaint à cause du travail, père ! Il dit que votre culture est trop grande et que vous vous fatiguerez cet été.
— Qu’il ne s’inquiète donc pas ! répondit Bernard.
— Il dit, qu’à son idée, vous feriez peut-être bien de vendre un champ ou deux.
— Il a tort de dire ça ! répliqua Mazureau.
— Il croit peut-être que cela le regarde ! fit dédaigneusement Bernard.
Éveline sentit qu’elle avait pris un faux chemin.
— Oh ! vous savez, il a d’autres soucis, dit-elle.
Mais le père suivait son idée.
— Il a tort de dire ça ; c’est parler en innocence. La terre rapporte comme jamais elle n’a rapporté depuis qu’il y a des gens qui la travaillent… Tu peux lui répondre que ses propos ne me conviennent guère.