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PEAU D’ÂNE.

fièvre si terrible, que bientôt il fut réduit à l’extrémité. La reine sa mère, qui n’avait que lui d’enfant, se désespérait de ce que tous les remèdes étaient inutiles. Elle promettait en vain les plus grandes récompenses aux médecins ; ils y employaient tout leur art, mais rien ne guérissait le prince. Enfin ils devinèrent qu’un mortel chagrin causait tout ce ravage ; ils en avertirent la reine, qui toute pleine de tendresse pour son fils, vint le conjurer de dire la cause de son mal, et que quand il s’agirait de lui céder la couronne, le roi son père descendrait de son trône sans regret pour l’y faire monter ; que s’il désirait quelque princesse, quand même on serait en guerre avec le roi son père, et qu’on eût de justes sujets de s’en plaindre, on sacrifierait tout pour obtenir ce qu’il désirait ; mais qu’elle le conjurait de ne pas se laisser mourir, puisque de sa vie dépendait la leur. La reine n’acheva pas ce touchant discours sans mouiller le visage du prince d’un torrent de larmes. Madame, lui dit enfin le prince avec une voix très-faible, je ne suis pas assez dénaturé pour désirer la couronne de mon père ; plût au ciel qu’il vive de longues années, et qu’il veuille bien que je sois longtemps le plus fidèle et le plus respectueux de ses sujets. Quant aux princesses que vous m’offrez, je n’ai point encore pensé à me ma-