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JEANNE-DES-HARENGS.

la devanture, et un peu de semoule gisant au fond d’une boîte.

Thérèse avait même revendu ses deux sucres d’orge, la pauvre mignonne ! et ce n’est pas, à mes yeux, son moindre mérite, car elle les adorait dans ce temps-là.

« Enfin il se présenta une dernière cliente. Elle voulait du savon… L’espiègle lui persuada que le vermicelle et la semoule feraient bien mieux son affaire, et la bonne femme, convaincue, emporta ces antiques débris.

« On n’avait plus qu’à faire la caisse.

« Pendant que je compte tout cet argent, vous devriez aller demander ma bourse à maman, monsieur Edme, dit Thérèse. J’ai peur que notre recette ne fasse pas une bien grosse somme.

— J’y vais, » répondit l’infatigable commissionnaire. « Il rapporta en même temps son petit avoir. Le tout, réuni au produit de la vente, formait un total d’environ deux cents francs.

« Le lendemain, Jeanne-des-Harengs, guérie par la joie s’en allait à Chalon remplacer ses marchandises.

« Les clients de la veille lui revinrent, soit par curiosité, soit par intérêt.

« Puis comme les provisions, sans cesse renouvelées,