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bénéfices de la centième ! clama le directeur plein d’entrain.

Après le dédale des corridors obscurs, étouffants et encombrés, les deux comédiens et l’auteur eurent un soulagement à se trouver dans la longue galerie libre du foyer, que six grandes fenêtres éclairaient largement. Cela sentait bien un peu la térébenthine et le vernis, mais l’on n’y regardait pas de si près.

— Nous serons merveilleusement bien ! s’écria Mady, enchantée.

Cinq hommes et trois femmes tassés sur deux banquettes se levèrent avec empressement. C’étaient les comédiens jouant dans la pièce de Castély.

On va faire de la bonne besogne aujourd’hui ! déclara la petite Yvette Lamy, toute mignonne sous son toquet de roses pompon et de plumes de pigeon blanc.

Le régisseur, un petit homme blond, le visage maculé de taches de rousseur, la tête de côté, comme tordue par un torticolis perpétuel, aux yeux bleus ingénus et attentifs, achevait de « planter le décor » en posant, çà et là, de vieilles chaises dépaillées ou d’imposants trônes de carton doré qui figuraient, celui-ci une cheminée, cet autre une table, marquaient l’emplacement d’une fenêtre ou d’une porte.

Derrière lui, trottant menu, répétant tous ses mouvements, suivait un singulier bonhomme au front déprimé d’idiot, aux cheveux entièrement blancs, au nez de perroquet occupant tout le visage ratatiné. Personne ne faisait attention à lui ; il ne disait mot et ne parlait point.

Dites donc, Adolphe, peut-on commencer ? demanda impérieusement Jacques de Caula.

Le régisseur descendit vivement vers le célèbre comédien, en enlevant sa calotte graisseuse, geste immédia-