Page:Pert - L Autel.djvu/152

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retourné et l’affaire marchera toute seule… Aimez-la, intéressez-la et elle saura bien faire patienter le Caula… Vous comprenez qu’il est trop fin, qu’il connaît trop bien les femmes pour la brusquer… Il lui laissera gentiment passer son caprice pour vous.

Robert l’interrompit avec une animation, un dépit soudains.

— Eh ! qui vous dit que je réussirais ?… et que, dès maintenant elle ne soit pas d’accord avec lui !… Une âpre jalousie l’envahissait, qui se confondait avec ses appréhensions d’auteur dont les intérêts étaient menacés.

Lombez ricana :

— Bah ! bah !… Je connais ma Jaubert !… En réalité, c’est une sentimentale, et ce morticole mué cabotin n’est pas pour l’émouvoir ; elle ne le prendra jamais que par calcul…

Robert se rappelait avec amertume la soirée où, chez Mady, la griserie sensuelle des deux artistes avait été si manifeste.

— Est-ce que l’on sait jamais avec les femmes !…

Les trilles d’une sonnette électrique les fit tressaillir. Lombez s’éloigna précipitamment.

— Songez à ce que je vous ai dit, et agissez sans retard !…

Machinalement, Robert se dirigea vers la loge de Madeleine ; Caula ne s’y trouvait plus, mais le jeune homme se heurta au gros corps de La Boustière, écroulé sur un petit canapé trop bas, aux ressorts effondrés.

Déjà revêtue de son costume de Magdeleine, Mady, penchée devant la glace de sa toilette, achevait soigneusement son visage, l’oil attentif, sérieuse, s’étudiant comme un tableau, ainsi que la réalisation d’art, quasi