Page:Pert - L Autel.djvu/160

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Vous savez qu’il est tard !… Il ne faut pas indisposer le public en faisant attendre !

— Dix minutes et je suis votre Madeleine. Oh ! celle-là, je n’ai besoin d’aucun effort pour la vivre !…

Robert trouva le comédien entièrement nu, dans sa loge, étendu sur un divan. Une vieille femme à l’air décent le massait avec soin.

Castély recula. — Pardon !…

Mais l’autre le retint en riant.

— Entrez donc ! Oui, un procédé à moi… Je préfère un bon massage à huit heures de sommeil… et ça a l’avantage d’être plus expéditif. Dame ! vous autres auteurs, vous n’imaginez guère l’effort intellectuel et corporel qu’il nous faut donner pour — comme vous dites, rendre vos œuvres !…

— Vous désiriez me parler, m’a dit mademoiselle Jaubert ?

Devant Caula, Robert affectait une grande correction à propos de Mady, peut-être pour forcer celui-ci à en observer une pareille.

— Vous parler ? Ah ! oui… Vous savez, au deuxième acte, lorsque je murmure dans le cou de Madeleine ce petit couplet poétique ? Voyez-vous un inconvénient à ce que, ce soir, je substitue à vos vers une courte pièce de la comtesse de Mouchy ?… également très bien appropriée à la situation.

Castély sursauta.

— Par exemple !…

— Oh ! vos vers sont délicieux, je n’en disconviens pas… Mais, justement, la comtesse est là, dans la loge que je lui ai fait envoyer et vous savez qu’elle n’est pas du tout avide de réclame — néanmoins, elle sera contente de cette petite surprise… En définitive, c’est à vous qu’elle en saura gré !