Page:Pert - L Autel.djvu/262

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qu’un rôle où mon matelot sera inouï. Tenez, je vais vous apporter mon manuscrit !…

Elle s’envola vers un cabinet d’ébène et de nacre, d’où elle tira un volumineux rouleau de papier qu’elle vint jeter sur les genoux de Robert.

— C’est tout le dossier de cette passionnante affaire Sangremini qui n’a pas été plaidée à cause du suicide. des deux coupables… l’homme et la femme qui avaient assassiné non seulement le mari de madame Sangremini, mais aussi son autre amant…

Madame de Mamers souriait, ravie, caressant Robert du regard.

— Vous voyez, cher ami, combien j’avais raison d’insister pour vous amener ici. Croiriez-vous, Viviane, qu’il faisait des difficultés !…

Pour la première fois, mademoiselle Léoni considéra Castély avec attention. Et ses yeux perdirent leur banale expression de cordialité pour se charger d’une lueur singulièrement passionnée. De nouveau, le jeune homme se sentit examiné, détaillé, par une convoitise aussi insolente que hardie.

— Pourquoi donc ? prononça-t-elle d’une voix grave. Il me semble que nous sommes faits pour nous entendre, M. Castély et moi. Je désire depuis longtemps m’attacher un auteur de talent suffisant pour mettre à la scène, pour moi, tous les sujets que je rêve… tous les personnages que je suis capable d’incarner.

Elle s’arrêta brusquement ; puis, se levant, elle en- laça la taille de madame de Mamers et entraîna son amie tout au fond de l’atelier, jetant à Robert :

— Parcourez ces papiers, voulez-vous ?… Vous me direz ensuite si vous voyez la pièce se dessiner.

Castély tourna à peine quelques feuillets distraitement. À la dérobée, ses regards déçus et irrités revenaient