Page:Pert - L Autel.djvu/293

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vous verrez combien vite s’envoleront de vous ces idées absurdes, ces théories fausses, toute votre aberration de femme qui se refuse insensément au bonheur, à la seule véritable ivresse de la vie !… Venez, Henriette, venez… Au fond de votre âme, vous me désirez comme je vous désire… et pour vous mes caresses seront sans prix, comme pour moi les vôtres, rien qu’à les imaginer, me rendent fou !… Henriette !… dites que vous voulez bien être mienne ?

Sans le regarder, sans essayer de dégager sa main inerte de l’étreinte brûlante du jeune homme, madame Féraud secoua la tête avec une négation inexorable.

Il la repoussa exaspéré et se dressa :

— Ah ! quelle femme êtes-vous donc ?… Rien ne vous touche !… Rien ne vous atteint !…

Elle répondit avec tristesse :

— Vous savez que si… Mais je ne suis pas de celles qui accomplissent quand même ce qu’elles jugent blâmable, voilà tout…

D’un geste colère, il avait saisi le siège sur lequel il était assis naguère, et le soulevant, il le projeta sur le sable si violemment que les pieds de bois léger se rompirent avec un craquement.

— Alors, adieu ! proféra-t-il, les dents serrées, dans une détresse et une rage infinies. Par votre obstination, votre détestable espèce de coquetterie glacée, vous venez de déraciner la seule petite fleur bleue — ridicule, il paraît ! — qui eût jamais poussé dans le jardin desséché de mon existence ! Désormais, c’est bien fini, je n’essaierai plus de demander à la vie et aux femmes ce qu’elles ne sauraient donner !… Adieu !…

Et, vindicatif, il ajouta, debout au seuil de la tente, très pâle, le masque tiré par un sourire mauvais :

— Je vous souhaite de ne pas, un jour, regretter vo-