Page:Pert - La Petite Cady.djvu/149

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resses d’un vieillard égrillard, pour qu’il vous donne de l’argent ?

Cady eut un frémissement. Elle se renversa au fond de la voiture et lança un long regard d’amertume et de raillerie à son institutrice.

— Ma foi, mademoiselle, scanda-t-elle, insultante, c’est plutôt à vous qu’il faudrait demander des impressions à ce sujet-là.

Mlle Lavernière se détourna vivement, les joues cramoisies, comme si un soufflet les eût cinglées, et ne trouva pas un mot de riposte.

Aussitôt que le vieux domestique, gras et solennel, eut ouvert la porte, Cady le questionna, en s’élançant impétueusement dans l’antichambre :

— Monsieur est-il levé, Ludovic ?

— Pas encore, mademoiselle Cady, répondit l’homme en souriant, je vais l’avertir.

— C’est ça, et dites-lui que nous venons déjeuner… Vous savez ce qu’il y a à manger ?

— Non, mademoiselle, mais sûrement Célestine a le temps de vous faire des pommes flambantes.

La fillette battit des mains.

— Chouette !

Dès que le valet de chambre eut disparu, elle glissa bas à son institutrice :

— Veine, que parrain ne soit pas encore levé !… Il va me recevoir au lit, il sera tout attendri, à moitié endormi, et il lâchera le fafiot…

Mlle Armande examinait le salon sombre et austère, aux vieux meubles Louis-Philippe, avec, aux murs, des portraits de famille, émanant de pinceaux médiocres. Cady indiqua, avec un rire :

— Dans la chambre de parrain, il y a la tête de ma grand’mère… la mère de papa… quand elle était jeune.

— Tiens, pourquoi ? s’étonna Mlle Armande.

— Ah ! voilà !… Paraît qu’ils étaient plus qu’amis dans les temps.