Page:Pert - La Petite Cady.djvu/229

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— C’est toi ?

La lumière reparut de l’autre côté de la cour, et le petit garçon se pencha à la croisée ouverte.

— Je suis tout seul, viens ! implora-t-il, avec un tel accent de détresse et de mystère que le cœur de Cady fut instantanément gagné à tout ce qu’il pourrait exiger d’elle à cette minute.

— Je viens, dit-elle avec résolution, sans vouloir envisager la difficulté de s’évader de l’appartement à cette heure, alors que tous les domestiques étaient encore occupés dans la cuisine, qu’elle devait traverser, pour gagner l’escalier de service et rejoindre son ami.

Mais celui-ci l’émut encore bien davantage, en ajoutant avec timidité, le cœur gros :

— Si tu pouvais m’apporter quelque chose à manger ?… On est parti depuis ce matin… on ne m’a rien laissé… Il n’y a plus de bonne, et j’ai bien faim.

Bouleversée de pitié et de tendresse, Cady se rejeta en arrière, déterminée à tout risquer plutôt que de ne pas soulager cette souffrance. Sa sollicitude, sa compassion pour l’enfant submergèrent instantanément sa propre détresse, aussitôt oubliée, évanouie. Le cœur battant, le front brûlant, dans un état de surexcitation extraordinaire qui la préparait à n’importe quelle lutte, aux pires violences, Cady sortit de la chambre et traversa la cuisine au pas de charge.

Et, chose qu’elle ne pouvait prévoir, nul ne s’occupa d’elle.

Clémence et son aide, plongées dans la vaisselle ébouillantée, Maria qui essuyait l’argenterie, ne la virent même pas.

Valentin, en train de transvaser des restes de vin, ne se dérangea pas, se contentant de demander, goguenard et familier à la fillette qui le frôlait :

— Tu vas aux cabinets ?