Page:Pert - La Petite Cady.djvu/236

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qui la classait à quarante-quatre ans parmi les grand’mères, avait pour fille une assez jolie créature, mince, d’une grâce câline, visiblement affectée, néanmoins attachante à force d’exagération, et pour fils un coquebin parfaitement nul, le sachant, mais ne s’en troublant point, comptant avec raison sur l’entregent de sa mère et de sa sœur pour lui trouver une situation que son mérite ne saurait lui procurer.

Mme Durand de l’Isle était veuve d’un chef de bureau des Finances, et sa fille Fernande, à vingt-quatre ans, avait déjà divorcé d’avec un avocat qui la battait, prétendait sa mère. D’ailleurs, la jeune femme refusait avec obstination de révéler les causes de sa prompte séparation d’avec son époux et se contentait de sourire énigmatiquement lorsqu’il y était fait allusion.

Le but de la veuve, sans fortune, intrigante et avide, était de caser son fils comme secrétaire du député et de glaner un second mari avantageux pour Fernande, aux côtés et sous l’égide de la femme influente qu’était Noémi Darquet.

Il va sans dire que celle-ci lisait clairement dans le jeu des deux femmes et n’était point dupe de leur comédie d’empressement, d’admiration et d’affection ; mais, leurs flagorneries lui plaisaient.

Elle adorait être entourée, complimentée, flattée avec outrance. Cependant, comme elle n’était point sotte et qu’elle ne fermait les yeux que volontairement sur l’hypocrisie de ses commensaux, elle se dégoûtait vite de ceux-ci. Le règne de ses favoris n’était jamais de longue durée. Tels qui fréquentaient assidûment pendant six mois disparaissaient brusquement de l’atmosphère de Mme Darquet pour ne plus y jamais reparaître.

Du reste, à part quelques exceptions, la femme du député ne les renvoyait que pourvu de ce qu’ils étaient venus quêter près d’elle, et qu’ils avaient payé d’avance en courbettes, lâchetés et adulations.