Page:Pert - La Petite Cady.djvu/37

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II

Six heures et demie venaient à peine de sonner, lorsque Maria, entrebâillant la porte de la chambre, annonça :

— Ces demoiselles sont servies !

Cady, plongée dans un tiroir de commode où elle rangeait le linge de son institutrice, grogna :

— Déjà ?…

La femme de chambre jeta, en s’éloignant :

— Pour sûr… On aura assez d’aria tout à l’heure !… Autant se débarrasser de vous tout de suite !…

L’après-midi s’était passé à aller chercher la malle de Mile Armande et à faire des rangements dans leur chambre.

Avec l’ingratitude humaine et la versatilité sentimentale que l’on attribue à tort seulement à l’enfance, Cady, tout en regrettant sa vieille nourrice, éprouvait un vif plaisir de son départ qui lui permettait de tout bouleverser dans la chambre, où elle devinait que la paresse de Mile Armande la laisserait désormais maîtresse.

— Je mets les mouchoirs ici et les chemises de l’autre côté ? Vous voulez bien, mademoiselle ?

Respirant avec plaisir l’odeur des sachets parfumant le petit trousseau de l’institutrice, elle s’apercevait que le gros linge de Mathurine avait laissé au meuble une âcreté de torchon lessivé.

Mlle Armande souriait, affalée dans l’unique fauteuil de la pièce.

Arrangez tout comme vous l’entendrez, ma chérie…

Cependant, la fillette ne tarda pas à l’entraîner.

— Allons dîner.

Mlle Armande fit la grimace devant les pâtes trop