Page:Pert - La Petite Cady.djvu/53

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Le ministre des colonies Martin-Menier s’esclaffa :

— C’est envoyé, cela !

Le docteur Trajan sourit, ironique, hochant sa tête fine à la moustache autrefois blonde et qui s’argentait à présent.

— Sans compter qu’elle a du flair, cette enfant ! remarqua-t-il négligemment à demi-voix, en faisant tomber la cendre de son cigare dans une soucoupe.

Le Moël et Cyprien Darquet s’étaient rapprochés. Le sénateur s’empara du bout de l’oreille de Cady.

— Qu’est-ce que je te donnerai pour ta fête ? Un bijou, ou toujours de l’argent ?

Elle répondit vivement :

— De l’argent !… Et le plus possible, tu entends, parrain ?

Avec un rire complaisant, Darquet observa :

— Elle est d’une vénalité abominable, ma Cady !… Et avec cela, d’une avarice sordide… Tout ce qu’elle extorque, elle le place sans en rien dépenser !…

Assise sur le coin de la grande table-bureau, ba- lançant ses jambes dans le vide, Cady jeta, ironique et importante :

— D’abord papa, qu’est-ce que tu en sais ?… Mes dépenses sont cachées, comme mes revenus !

Martin-Menier applaudit.

— Elle a ses fonds secrets !

— Enfin, continua Cyprien Darquet, tu ne nieras pas, petite Harpagon, que tu as un livret de caisse d’épargne presque plein.

Elle l’interrompit joyeusement.

— Il l’est !… Depuis quinze jours, on m’a acheté du trois pour cent !

Un éclat de rire accueillit cette communication.

— Ah çà ! s’écria le député stupéfait. Qui est donc ton homme d’affaires ?

Elle désigna du doigt le jeune magistrat qui souriait.

— Renaudin !… Il est peut-être bien un peu voleur