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C’est plus vite fait, ça grimpe moins, c’est plus convenable !

J’ai rencontre dans ce tour de France des grimpeurs, je viens de le dire, et aussi des sprinters terribles.

François Faber est le Zimmerman des routiers. Dortignacq vient ensuite. À l’emballage ces deux hommes-là nous valent largement, Garrigou, Passerieu et moi.

Je dois ajouter que je n’ai jamais tenu à lutter à l’enlevage final avec mes collègues, surtout a Bordeaux et à Nice, nous étions réellement trop nombreux et je redoutais la fatale chute.

Dans les descentes des Alpes, j’ai ouvert l’œil, je vous prie de le croire. Au Sappey, j’ai laissé filer Faber, qui m’a littéralement stupéfié par son audace. Quand je pense qu’il aurait pu tomber et casser son vélo, j’en frémis encore !

J’ai préféré perdre quelques points plutôt que de me casser les reins et surtout d’endommager ma chère Peugeot, la bicyclette qui m’a permis de gagner trois Tours de France.

Je n’ai eu qu’un seul moment de désespoir au cours de la grande randonnée. C’est quand un cycliste, aux environs de Morlaix, m’a flanqué par terre en pleine nuit. Je me suis relevé fortement touché. J’ai tremblé pour mon vélo. Heureusement il avait résisté au choc. Je n’eus plus, par la suite, qu’à surveiller de près les innombrables cyclistes parisiens venus à notre rencontre le jour de l’apothéose au Parc des Princes.

Pour me résumer et pour en finir, je dirai ceci : j’ai couru avec confiance, et, disposant de tous mes moyens, j’ai couru avec prudence et décision : mon étude approfondie du parcours et l’habitude que je possède de la course ont fait le reste. Tout cycliste ayant quelque qualité, beaucoup de courage, énormément de tête, peut à son tour se distinguer dans les épreuves sur route, qui sont celles que je