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CHAPITRE IV

LITTERATURE DIDACTIQUE[1]


Dans son traité si intéressant du De milfjari eloquio, Dante reconnaît que la France l’emporte sur les nations voisines non seulement par ses chansons de geste et ses romans de la Table Ronde, mais aussi par sa littérature didactique. Il aurait pu ajouter que si la littérature française est riche en « enseignements » de tous genres, scientifiques et moraux, ni les uns ni les autres ne sont, à proprement parler, originaux. Ce sont, le plus souvent, des traductions d’ouvrages latins et des compilations mal ordonnées faites par des clercs à l’usage des laïques, ou bien des exposés toujours les mêmes de la morale chrétienne, plus ou moins éloquents, plus ou moins religieux, plus ou moins satiriques, généralement sans logique serrée ni enchaînement rigoureux.

Le fond de la littérature morale et religieuse, moins intéressante pour nous que la littérature proprement didactique et scientifique, est presque toujours l)anal. Les poètes ont beau se vanter de dire de « bons mots nouveaux », ou Inen une « chosete qui est novelete » , ou bien encore un « conte » qu’ils ont a])pris « novelement », ils se copient invariablement les uns les autres, avec les mêmes allégories et les mômes personnifications des vices et des vertus. Rares sont les poètes qui ont assez de talent et d’originalité pour renouveler un sujet et le marquer d’un cachet particulier. Il en est, cependant, quel- .

  1. Par M. Arthur Piagel, professeur à la Faculté des Lettres de Neuchàtel.