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[1201] de la conqueste

sonnage de bon sens et de grand esprit qu’il estoit, qu’il leur persuada l’entreprise proposée. De là il y en appela jusqu’à cent, puis deux cens, et puis mil, tant que tous l’approuverent et y consentirent. Finalement il en assembla bien dix mil en la chapelle de Sainct Marc, qui est l’une des plus belles et magnifiques qui se puisse voir, où il leur fit oüir la messe du Sainct Esprit, les exhortant à prier Dieu de les inspirer touchant la requeste des deputez ; à quoy ils se porterent avec grand zele et demonstration de bonne volonté.

16. La messe achevée, le Duc envoya vers les deputez, et leur fit dire qu’il estoit à propos qu’ils requissent, et priassent humblement tout le peuple de vouloir agréer les traitez. Les deputez vinrent en suite à l’église, où ils furent regardez d’un chacun, et particulierement de ceux qui ne les avoient encore veus. Alors Geoffroy de Ville-Hardoüin, mareschal de Champagne, prenant la parole pour ses compagnons, et de leur consentement, leur dit : « Seigneurs, les plus grands et plus puissans barons de France nous ont envoyé vers vous pour vous prier, au nom de Dieu, d’avoir compassion de Hierusalem qui gemit sous l’esclavage des Turcs, et de vouloir les accompagner en cette occasion, et les assister de vos forces et de vos moyens pour vanger unanimement l’injure faite à nostre seigneur Jésus-Christ, ayans jetté les yeux sur vous comme ceux qu’ils sçavent estre les plus puissans sus la mer ; et nous ont chargé de nous prosterner à vos pieds, sans nous relever que vous ne leur ayez donné la satis-