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PRÉLIMINAIRE.

quables par les faits que par la diction, le modèle jusqu’alors inconnu de l’élégance et de la politesse du style : son ouvrage semble unir, par une nuance très-marquée, la littérature du seizième siècle à celle du dix-septième, et s’est trouvé, sans qu’elle y ait pensé, digne d’être désigné dans la suite comme un de ceux qui indiquent le mieux le véritable génie de la langue française[1].

Il reste à donner une idée du plan qui sera suivi. Les premiers éditeurs commencent par les Mémoires de Joinville. Il a semblé qu’ils avoient eu tort de ne pas donner des Mémoires au moins aussi intéressans, et qui les précèdent de plus d’un demi siècle : ces Mémoires sont ceux de Ville-Hardouin, l’un des chevaliers croisés qui, du temps de Philippe-Auguste, s’emparèrent de l’Empire grec, firent flotter les bannières françaises sur les murs de Constantinople, et donnèrent à Baudouin le trône des Comnène. De l’aveu de tous les critiques et de tous les historiens, ces Mémoires peignent mieux cette époque singulière que les relations des écrivains grecs. On y voit le contraste extrêmement pittoresque de la franchise quelquefois un peu brusque des Croisés, avec la politesse d’une grande ville corrompue : les hommes se rapprochent, mais les mœurs des deux

  1. Histoire de l’Académie française, par Pélisson.