Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 1.djvu/184

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
166
[1203] de la conqueste

moins mal leur serment, en ne retournérent plus en l’armée.

52. Au mesme temps vint une agreable nouvelle au camp, que la flotte de Flandres, dont nous avons parlé ci-dessus, estoit arrivée à Marseille ; et Jean de Néelle chastelain de Bruges chef de cette armée de mer, Thierry qui fut fils du comte Philippes de Flandres, et Nicolas de Mailly, mandoient au comte de Flandres leur seigneur qu’ils hyverneroient à Marseille, et que là ils attendroient ses ordres, prests à executer ce qu’il leur enjoindroit. Le comte, aprés avoir pris là dessus les avis du duc de Venise et des barons, leur manda qu’ils eussent à faire voile sur la fin de mars, et qu’ils le vinssent trouver au port de Modon en Romanie. Mais las ! ils obeïrent mal à ces ordres, et tinrent peu ce qu’ils avoient promis, s’en estans allez en Syrie, où ils sçavoient bien qu’ils ne feroient aucun exploit considerable.

53. D’où l’on peut recueillir que si Dieu n’eust assisté et favorisé cette armée d’une grâce particuliere, elle n’eût pû jamais se maintenir, veu que tant de personnes ne cherchoient que ses desavantages et sa rupture. Alors les barons consultérent ensemble, et resolurent d’envoyer à Rome vers le Pape, qui témoignoit leur sçavoir mauvais gré de la prise de Zara. Ils éleûrent deux chevaliers et deux ecclesiastiques, les plus capables qu’ils crûrent se pouvoir acquitter dignement de cette ambassade : les deux ecclesiastiques furent Nevelon évesque de Soissons, et maistre Jean de Noyon chancelier de Baudoüin, comte de Flandres ; l’un des chevaliers fut Jean de Friaise, l’autre Robert de Boves : lesquels promirent