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[1203] de la conqueste

time prince, que dehors au camp pour l’honneur de la belle victoire qu’il avoit pleû à Dieu octroyer aux pelerins. Le jour ensuivant, l’Empereur pria les comtes et les barons, et son fils mesme, de vouloir aller prendre leurs logemens au delà du port, vers le Stenon, apprehendant que s’ils logeoient en la ville il ne survint quelque different et ne s’elevast quelque contraste entre eux et les Grecs ; ce qui pourroit causer la ruine de la ville ; à quoy ils repartirent qu’ils l’avoient si bien servy en tant de façons, qu’ils ne luy refuseroient chose aucune dont il les priast. Et ainsi s’en allérent loger de l’autre costé, où ils sejournèrent en paix et repos, et avec abondance de toute sorte de vivres.

100. Il est aisé de se persuader que la pluspart de ceux de l’armée eurent la curiosité d’aller voir cette belle et grande ville de Constantinople, les riches palais et les superbes églises et monastéres qu’elle a dans son enceinte, et toutes les richesses qu’elle possede, dont le nombre est si grand que l’on peut dire asseurément qu’il n’y a ville au monde qui en aye tant. Je ne parle point des reliques, y en ayant pour lors dans la ville autant qu’en tout le reste du monde. Les Grecs et les François demeurérent fort unis, s’entrecommuniquans par le commerce de marchandises et autres choses. En suitte de quoy, et de l’avis et du consentement des uns et des autres, fut arresté que le nouveau Empereur seroit couronné le jour de Saint Pierre sur la fin du mois de juin.

101. Cela fut executé avec toute la solemnité et magnificence qu’on avoit coûtume d’observer pour les empereurs grecs. On commença aprés à payer ce