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[1203] de la conqueste

le Pape les a octroyez de pleniere remission à tous ceux qui mourront confessez et repentans de leurs fautes. » Ce discours servit d’un grand encouragement et de confort aux barons et pelerins. Cependant la guerre se ralluma entre les François et les Grecs, et alloit croissant de jour en jour, ne s’en passant presque aucun qu’il n’y eût quelque rencontre ou escarmouche, soit par mer, soit par terre.

118. Durant ce temps-là Henry, frere de Baudoüin, comte de Flandres, fit une course et cavalcade où il mena une bonne partie des meilleurs hommes de l’armée. Entre autres, Jacques d’Avesne, Baudoüin de Beauvoir, et Eudes le champenois de Champlite, et Guillaume son frere, se trouvérent à cette expédition avec les gens de leur pays. Ils cheminérent le long de la nuit : et le lendemain le jour estant desja avancé, ils arrivérent à une bonne ville, dite Philée, assise sur la mer Majour[1], qu’ils prirent de force, où ils firent grand butin et riches meubles, vivres, et de prisonniers qu’ils envoiérent contre bas dans des barques droit au camp : ils y sejournérent deux jours pour se rafraischir, estant pourveuë abondamment de toutes choses nécessaires.

119. Le troisiéme jour ils en partirent avec le reste du butin pour s’en retourner au camp. L’empereur Murtzuphle, ayant eu avis qu’ils estoient en campagne, partit de nuit de Constantinople avec une grande partie de son armée, et s’alla mettre en une embuscade par où ils devoient retourner, et les laissa passer

  1. Mer Majour : c’est la Mer Noire, que Ville-Hardouin, dans le texte, appelle mer de Rossie.