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[1204] de la conqueste

terie pour les exhausser davantage : en sorte qu’on peut dire que jamais place ne fut mieux remparée. Ainsi les Grecs et les François travaillérent une bonne partie du caresme, les uns pour la deffense, les autres pour l’attaque.

123. Là dessus ceux de l’armée s’assemblérent, et tinrent conseil[1] pour aviser à ce qui estoit à faire. Les opinions debatuës, fut enfin resolu que si Dieu leur octroyoit d’entrer de force dans Constantinople, tout le butin qu’on y feroit seroit apporté et partagé en commun, et qu’on nommeroit six personnes de la part des François, et autant des Venitiens, qui jureroient sur les saints Evangiles d’eslire empereur celuy qu’ils jugeroient en leurs consciences le plus capable et le plus propre à regir l’Estat ; qu’il auroit le quart de tout ce qui seroit conquis, tant dedans la ville que dehors, avec le palais de Blaquerne et celuy de Bucoleon ; que le surplus seroit partagé en deux parts, dont l’une seroit aux François, et l’autre aux Venitiens ; aprés quoy on choisiroit douze des plus sages de l’armée des pelerins, et douze des Venitiens, qui feroient le departement des fiefs et des honneurs, pour estre distribuez à ceux que l’on jugeroit à propos, et arresteroient le service qui seroit deu à l’Empereur pour châcun d’iceux. Ce qui fut arresté, et les conditions jurées de part et d’autre sous peine d’excommunication à quiconque y contreviendroit, avec liberté à un châcun, de la fin du mois de mars en un an, de s’en pouvoir retourner en son pays ; à la charge

  1. Tinrent conseil : Dans cette convention, les seigneurs français et vénitiens prirent pour modèle les assises de Jérusalem.