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[1204] de la conqueste

laquelle se rendit, et dont les habitans luy jurérent pareillement obeïssance : puis il tira à Cetre[1], non moins riche et forte que les precedentes, se campa devant, et y sejourna l’espace de trois jours ; et enfin les habitans rendirent leur ville, l’une des plus abondantes en biens et en richesses qui fût lors en toute la chrestienté, à condition qu’il les maintiendroit en leurs privileges, libertez et franchises, telles qu’ils souloient avoir sous les empereurs grecs.

150. Tandis que l’empereur Baudoüin s’acheminoit ainsi vers Thessalonique, et que tout le pays se rendoit à sa devotion, le marquis de Montferrat avec ses troupes, et grand nombre de Grecs qui tenoient et avoient pris son party, s’en alla droit devant Andrinople, qu’il assiegea, faisant dresser ses tentes et pavillons à l’entour. Eustache de Sambruit, et les gens de guerre que l’Empereur avoit laissé dans la ville pour la garder, montérent soudain sur les rempars et dans les tours, et se preparérent pour se deffendre. Cependant Eustache de Sambruit depécha deux courriers en diligence jour et nuit à Constantinople vers le duc de Venise, le comte de Blois, et ceux qui avoient esté laissez dans la ville par l’Empereur, pour leur donner avis comme luy et le marquis estoient en mauvaise intelligence, et que le marquis s’estoit saisy de Didymotique, l’un des plus forts et des plus riches chasteaux de l’empire d’Orient, et que de là il les estoit venu investir dans Andrinople. Ce qu’ayans appris, ils en eurent grand déplaisir, prevoyant bien qu’au moyen de cette querelle toutes les conquestes qu’ils avoient faites seroient perduës.

  1. Cetre, appelée par les Grecs Citros : ville dépendant de l’archevêché de Thessalonique.