Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 1.djvu/36

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
18
NOTICE

du roi de France, qu’elle lui confieroit aussi l’enfant qui devoit naître d’elle, et qu’elle ne se remarieroit point sans son consentement. De son côté, le Roi reçut Blanche à femme lige ; il lui promit de veiller à la conservation de sa fille, et de ne la marier que de son aveu.

Après avoir rempli ces pénibles devoirs, Ville-Hardouin ne songea plus qu’à exécuter les volontés de son seigneur, dont les dernières paroles avoient été une exhortation à la croisade. Il fallait trouver un prince qui pût remplacer dignement le comte Thibaut. Les chevaliers se concertèrent entre eux, et ce fut au duc de Bourgogne, Eudes III, dont les terres étoient très-voisines de la Champagne, qu’ils résolurent de s’adresser. Ville-Hardouin, accompagné de Mathieu de Montmorency, de Joinville et de Simon de Montfort, alla le trouver ; il lui rendit compte de tout ce qui avoit été fait à Venise, et le supplia de prendre le commandement de la croisade. La position où se trouvoit ce prince ne lui permit pas d’accepter. Ils firent la même tentative auprès du comte de Bar, qui leur répondit qu’il n’étoit ni assez riche ni assez puissant pour se mettre à la tête d’une si grande entreprise. Ces refus successifs chagrinèrent les Croisés, leur firent regretter encore plus vivement le jeune héros qu’ils avoient perdu, mais ne les découragèrent pas.

S’étant de nouveau réunis à Soissons, Ville-Hardouin leur proposa et leur fit adopter le projet d’envoyer une députation à Boniface, marquis de Montferrat, dont la famille étoit depuis long-temps établie dans la Terre-Sainte, et qui, par une singularité re-