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[1205] de la conqueste

roy de Bulgarie s’acheminoit vers eux avec de grandes forces pour secourir la ville. Aussi-tost ils donnérent ordre à leurs affaires ; et fut arresté que le mareschal Geoffroy et Manassés de Lisle demeureroient à la garde du camp, pendant que l’empereur Baudoüin avec le surplus de l’armée sortiroit hors, et se mettroit en campagne, pour attendre le Bulgare, en cas qu’il voulust venir à combat. Ce qu’estant ainsi arresté, ils demeurérent jusqu’au mercredy d’aprés Pasques, que le roy de Bulgarie s’approcha et se campa à cinq lieuës prés d’eux, d’où il envoya ses Comains faire des courses jusques dans leur camp. L’alarme s’y estant levée, soudain les nostres sortirent en desordre, et leur donnérent la chasse une bonne lieue tres-indiscretement ; car, comme ils pensérent se retirer, les Comains tournérent visage tirans sur eux et leur blessans nombre de chevaux. Estans de retour au camp, ils furent mandez au conseil l’Empereur présent, où il leur fut reproché qu’ils avoient fait une notable faute d’avoir poursuivy ainsi tumultuairement et au loing une cavalerie si legerement armée.

188. Pour remedier à semblables inconvénients pour l’avenir, ils prirent resolution que, si le Bulgare venoit, ils sortiroient hors de leur camp, et se rangeroient en bataille devant leurs barriéres ; que là ils l’attendroient de pied ferme sans avancer, faisans crier par toute l’armée à son de trompe que nul ne fust si temeraire ny si hardy d’enfreindre cette ordonnance, pour quelque bruit ou alarme qui pût survenir. Il fut encores arresté que Geoffroy de Ville-Hardoüin mareschal de Romanie et Manassés de Lisle demeureroient en garde du costé de la ville. Ainsi se