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[1205] de la conqueste

sité si pressante. Ceux qui se trouvérent prés de luy assûrérent que jamais chevalier ne se deffendit mieux, ni plus vaillamment qu’il fit en ce combat, qui dura long-temps, et où aucuns prirent la fuitte. Enfin, comme Dieu permet par les ressorts de sa providence que les malheurs arrivent, les nostres furent entiérement deffaits. L’Empereur et le comte de Blois n’ayans pû se resoudre à prendre la fuitte, l’Empereur fut pris prisonnier, et le comte demeura tué sur la place.

191. Pierre evesque de Bethleem, Estienne du Perche frere du comte Geoffroy, Regnaud de Montmirail frere du comte de Nevers, Mathieu de Valincourt, Robert de Ronçoy, Jean de Friaise, Gautier de Nuilly, Ferry de Herre, Jean son frère, Eustache de Heumont, Jean son frere, Baudoüin de Neuville, et plusieurs autres personnes de condition y furent encor tuez. Les autres qui pûrent evader regagnérent à toute bride le camp : quand le mareschal de Champagne, qui estoit en garde devant l’une des portes de la ville, eut appris des fuyars la nouvelle de cette deffaite, il sortit promptement du camp avec ce qu’il avoit de trouppes, et manda à Manassés de Lisle qui estoit à l’autre porte, qu’il eût à le suivre en diligence. Cependant il s’avança avec ses gens au grand galop au devant de ceux qui fuyoient, et fit en sorte qu’ils se ralliérent autour de luy : Manassés de Lisle vint incontinent aprés avec sa trouppe, et se joignit pareillement au mareschal : en sorte que leur petit corps d’armée commença à grossir, et s’augmenta encore depuis, au moyen de ce que tous les fuyars qu’ils pûrent retenir s’y rangérent. Cette fuitte fut ainsi arrêtée entre none et vespres.