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[1205] de la conqueste

en sorte que les nostres entrérent dedans et s’y logérent, et de là en avant ils furent plus assûrez. Telle fut la retraite de l’armée qui estoit devant Andrinople, qui eschappa de la sorte à la fureur des Bulgares.

198. Estant donc à Rodosto, ils y tinrent conseil ; et sur ce qu’ils n’estoient pas moins en peine de ceux de Constantinople que d’eux-mesmes, ils resolurent de depécher homme exprés qui allast par mer jour et nuit les avertir de ne s’estonner de rien, et que la plus grande partie de l’armée estoit échappée de la deffaite qu’ils pouvoient avoir entenduë, et seroient à eux le plustôt qu’ils pourroient. Au mesme instant que ce messager arriva, il y avoit cinq navires venitiennes à Constantinople, tous beaux et grands vaisseaux, chargées de pellerins, tant chevaliers qu’autres de moindre condition, jusques au nombre de sept mil hommes de guerre, prests à lever l’ancre pour retourner en leur pays. Entre autres y estoient Guillaume advoüé de Bethune, Baudoüin d’Aubigny, Jean de Virsin qui estoit des terres du feu comte de Blois et son vassal, et bien cent autres chevaliers dont les noms sont obmis.

199. Le cardinal Pierre de Capoue legat du Pape, Conon de Bethune qui avoit la garde de la ville, Miles de Brabans, et la plus grande partie des personnes de condition, vinrent à ces cinq navires, prians à chaudes larmes ceux qui s’y estoient embarquez de vouloir avoir compassion de la chrestienté, et de leurs princes et seigneurs qui estoient demeurez en la bataille, et que pour l’honneur de Dieu ils voulussent demeurer. Mais ils firent la sourde oreille, et ne voulurent deferer à leurs remonstrances. Ils partirent