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[1206] de la conqueste

pellée Blisne[1], à une journée de celle-là, que les Grecs avoient pareillement abandonnée ; laquelle il trouva garnie de tous biens, et se campa devant.

233. Cependant nouvelles arrivérent que les pauvres captifs et captives que le Bulgare emmenoit avec leurs depoüilles et leurs chariots estoient arrestez en une vallée à trois lieues de l’armée. Sur quoy l’Empereur commanda que les Grecs d’Andrinople et de Didymotique, accompagnez de deux escadrons de chevaliers, les allassent délivrer ; ce qui fut exécuté le lendemain : l’un des deux escadrons fut conduit par Eustache frere de l’Empereur ; et l’autre par Machaire de Sainte Manehoud ; et ainsi les François et les Grecs marchérent jusques en la vallée qui leur avoit esté designée, où ils trouvérent ces misérables, comme on leur avoit rapporté. Il y eut d’abord une grosse escarmouche entre les gens du Bulgare et les nostres, où il y en eut plusieurs de tuez et de blessez, tant hommes, femmes, que chevaux. Mais à la fin, moyennant la grâce de Dieu, les François y demeurérent victorieux, et ramenérent quant et eux tous les prisonniers, en nombre de bien vingt mil ames, et trois mil chariots chargez de hardes et bagage, et autre butin tres-considerable. Ils retournérent ainsi au camp tenans en file deux grandes lieuës, et y arrivérent dans la nuit, l’Empereur, comme aussi tous les barons de l’armée, ayans témoigné beaucoup de réjoüyssance de cette delivrance. Il les fit loger de l’autre costé du camp, en sorte qu’ils ne perdirent aucune chose.

234. L’Empereur ayant séjourné en ce lieu encore

  1. Blisne, en grec Blisnon, ville située près de Philippopoli.