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DISCOURS

tions pleines de justesse sur les mœurs nationales, et par ces sortes de détails qui, donnant aux scènes historiques une face nouvelle, en font pénétrer les plus secrets motifs. Depuis le règne de Philippe-Auguste jusqu’à la mort de Henri IV, chaque siècle a vu naître des hommes appelés à en retracer toute la physionomie. Luttant contre les difficultés de l’ancien langage, ils ont contribué à le former : s’ils n’offrent pas la précision des écrivains de notre grand siècle, ils conservent et nous rappellent du moins l’aimable et franche naïveté de nos pères : souvent en lisant leurs récits on croit lire le Plutarque d’Amyot ; et l’on remarque que le célèbre évêque d’Auxerre a plus d’une fois employé, pour peindre les héros de la Grèce et de Rome, les tours énergiques et familiers qui, dans les anciens Mémoires, caractérisent les Joinville, les Du Guesclin et les Bayard.

Ces Mémoires, très-recherchés par les amateurs de l’histoire, mais peu connus des autres classes de lecteurs, n’ont été publiés en collection qu’à l’époque de la révolution. En 1785, M. Boucher, l’auteur du poëme des Mois, et deux autres écrivains moins connus, entreprirent de les faire paroître par souscription. Ils n’avoient pas de dessein arrêté, et leur plan semblait subordonné au succès qu’obtiendroient les premiers volumes. Leur travail, souvent interrompu, ne fut terminé qu’en 1791. Soutenus dans les pre-