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décadence

voit, d’un côté, l’empereur Baudouin ii fatiguer Rome et la France de ses voyages fréquens, et détruire par son importunité tout l’intérêt qu’il avoit d’abord inspiré ; de l’autre, on voit les Grecs ne faire que de foibles tentatives contre Constantinople, n’oser presque l’attaquer sérieusement, et craindre encore ces Français qui, malgré la lâcheté de leur empereur, furent jusqu’au dernier moment en état de les repousser avec courage. Enfin on ne peut attribuer cette résistance passive, qui ressemble à une agonie prolongée, qu’au caractère peu énergique de Baudouin, et à l’excessive timidité de ses ennemis. Nous passerons donc rapidement sur les circonstances de cette dernière partie de l’histoire de l’Empire latin.

Anseau de Cahieu, époux d’Eudocie, fille de l’empereur Lascaris, fut de nouveau chargé de la régence. Il profita de l’inconstance du roi des Bulgares pour détacher ce prince de Vatace. Asan réunit alors ses troupes à celles des Français, et tenta vainement de leur faire rendre la ville de Tzurulum, place voisine de Constantinople, et nécessaire pour assurer les subsistances de cette grande ville. Les troupes de Vatace la défendirent avec opiniâtreté, et le siége ne réussit pas. Au moment où le découragement commençoit à s’emparer d’Asan, il apprit la mort subite de sa femme Anne de Hongrie et de son fils unique. Frappé de l’idée que le ciel le punissoit pour avoir trahi ses engagemens avec Vatace, il se rapprocha de ce prince et rompit avec les Français. De retour à Ternove, où Théodore d’Épire, privé de la vue, étoit toujours son prisonnier, il devint amoureux d’Irène, fille de ce prince, qui, avec ses deux jeunes frères Jean et