Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 1.djvu/516

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
498
décadence

À peine la relique fut-elle arrivée à Venise, que saint Louis s’empressa de la dégager. Elle entra en France aux acclamations du peuple. Le Roi et la famille royale allèrent au devant du cortége qui l’accompagnoit jusqu’à Villeneuve-l’Archevêque, près de Sens. Elle fut ensuite portée à Paris, et placée dans la chapelle du palais, qui bientôt après fut rebâtie.

Les lenteurs de Baudouin refroidirent le zèle des Français qui s’étoient croisés pour lui. Thibaut, comte de Champagne et roi de Navarre, fils de celui qu’une mort prématurée avoit empêché de commander la première expédition, abandonna cette cause, prétendant que sa conscience l’appeloit plutôt dans la Palestine que dans la Grèce. Cette défection réveilla Baudouin, et lui fit faire les plus grands sacrifices. Il engagea le comté de Namur au roi de France, et parvint à lever une armée que des calculs exagérés portent à 60,000 hommes. Le Roi fit demander un sauf-conduit à l’empereur Frédéric ii pour cette armée, qui devoit voyager par terre. Ce prince hésita quelque temps, mais il craignoit l’inébranlable fermeté de saint Louis. Ayant à la même époque ordonné d’arrêter des prélats français qui alloient à Rome, le Roi lui écrivit que le royaume de France n’étoit pas si affoibli qu’il se laissât piquer long-temps de l’éperon sans rejimber. Cette fermeté de saint Louis décida Frédéric à ne plus refuser le passage à l’armée de Baudouin. Le roi de Hongrie Bèla iv, successeur d’André, lui fournit des vivres ; Asan, roi des Bulgares, quoique allié de Vatace, ne l’attaqua point ; et Narjot de Toucy, époux de la fille d’Agnès de France, qui avoit de grandes propriétés dans la Thrace, s’em-