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de l’empire latin.

sions des Tartares qui venoient de ravager une partie de la Hongrie et de la Bulgarie, où cependant ils ne s’étoient pas établis.

Baudouin, agité des mêmes craintes, voulut faire une alliance étroite avec le sultan d’Icone, dont il espéroit une puissante assistance, soit contre les Tartares, soit contre Vatace. Le Sultan, plein d’estime pour les Français, y consentit volontiers ; mais il exigea qu’une parente de l’Empereur devînt son épouse, offrant de lui laisser le libre exercice de la religion chrétienne, et de permettre même qu’il fût établi des églises dans les grandes villes de ses États. Baudouin, que sa position obligeoit de souscrire à toutes les conditions que le Sultan voudroit lui imposer, envoya chercher en France l’une de ses nièces, fille de sa sœur Élisabeth et d’Eudes de Montaigu.

Pendant ce long voyage, Vatace, instruit de ce qui s’étoit passé, traita promptement avec le Sultan, lui accorda tout ce qu’il voulut, et fit ainsi échouer les projets de Baudouin.

Ce prince, qui frémissoit en voyant arriver la fin de la trève de deux ans conclue avec Vatace, au lieu de se préparer à défendre son territoire menacé, prit le parti de retourner en Italie demander des secours au pape Innocent iv. Ce pontife, moins énergique que Grégoire IX, mais partageant ses ressentimens, soutenoit avec peu d’avantage la guerre contre l’empereur d’Allemagne Frédéric ii. Baudouin, presque dépouillé de ses États, résolut de réconcilier ces deux puissans rivaux : sa médiation ne put les rapprocher ; mais il excita la compassion momentanée de Frédéric, qui, venant d’accorder une de ses filles à Vatace, consentit le prier de prolonger la trève.