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NOTICE

qu’il étoit de tous les conseils, qu’il y ouvroit les avis les plus sages, et qu’il étoit aussi recommandable par son courage que par sa prudence. Nous le verrons bientôt reparoître avec éclat dans une occasion où, porté par un grand revers au commandement suprême de l’armée, il déploya tous les talens d’un général consommé.

Les premiers momens de la conquête furent employés à établir la nouvelle administration. Le pouvoir de l’Empereur se trouvoit très-limité par la convention qui avoit été faite avant le siége. On se souvient que la distribution des fiefs et des dignités étoit réservée à une commission composée de seigneurs français et vénitiens. Cette commission s’assembla, et prit des mesures qui n’étoient pas faites pour attacher les Grecs à Baudouin. Elle envoya dans toutes les provinces des inspecteurs chargés d’en faire la description et d’en évaluer le revenu, afin de pouvoir partager également le territoire. Enivrée par le succès extraordinaire qu’on venoit d’obtenir, elle porta ses vues plus loin, et fit d’avance la distribution de tous les pays qui avoient autrefois appartenu à l’empire d’Orient. La conquête de ces pays, possédés depuis long-temps par les Sarrasins et d’autres Barbares, sembloit d’autant plus chimérique que les provinces soumises en apparence étoient dans la plus horrible anarchie : mais la présomption des conquérans les aveuglait sur leur position. Les Grecs ne purent s’empêcher de sourire quand ils les virent faire des lots d’Alexandrie, de la Libye, de la Numidie, de toute la partie de l’Afrique qui s’étend jusqu’à Cadix, du pays des Parthes, des Perses, des