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SUR VILLE-HARDOUIN

Ils s’emparèrent de quelques places ; mais le seigneur grec étant mort, son fils, partageant la haine de ses compatriotes pour les Français, les souleva contre Geoffroy, qui se réfugia près de Montferrat, occupé alors au siége de Napoli. Il se distingua par de beaux faits d’armes ; et le prince, voulant l’attacher à lui pour toujours, lui fit les offres les plus séduisantes. Le jeune ambitieux les rejeta : brûlant de reconquérir le pays d’où il avoit été chassé, il aima mieux servir sous Guillaume de Champlite, prince d’Achaïe ; et ces deux aventuriers résolurent de soumettre une partie de la Morée, en reconnoissant toutefois la suzeraineté du roi de Thessalonique. Leurs succès furent rapides : avec une petite troupe de gens déterminés, ils s’emparèrent de Modon, de Coron, de Calamate, et fondèrent un petit État qui, comme nous le verrons par la suite, passa au jeune Ville-Hardouin et à ses descendans.

Cependant l’empereur Baudouin, délivré des deux rivaux qui lui avoient paru les plus redoutables, se croyoit solidement affermi sur le trône. Il ne considéroit pas que Murtzuphle et Alexis, usés et décriés depuis long-temps dans l’esprit des peuples, n’avoient plus aucune force réelle, et que les princes qui, sans avoir encore éprouvé de revers, s’étoient déclarés les défenseurs de la patrie contre une domination étrangère, étoient seuls vraiment à craindre.

Les limites qu’on avoit mises à son autorité l’empêchèrent de prévenir et de réprimer les abus de la victoire. Les seigneurs français et italiens qui s’étoient partagé la partie disponible de l’Empire, voulurent abolir les anciennes coutumes, établir trop rapide-