Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 11.djvu/338

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’Eu[1], le chancelier de France, appellé Morvillier[2], l’archevesque de Narbonne[3] : et en la présence du duc Philippe de Bourgogne, et dudit comte de Charolois, et de tout leur conseil, à huis ouvers, furent ouïs lesdits ambassadeurs : et parla ledit Morvillier fort arrogamment, disant que ledit comte de Charolois avoit fait prendre, luy estant en Holande, un petit navire de guerre party de Dieppe, auquel estoit un bastard de Rubempré[4], et l’avoit fait emprisonner, luy donnant charge qu’il estoit là venu pour le prendre, et qu’ainsi l’avoit fait publier par tout, et par especial à Bruges, où hantent toutes nations de gens estranges, par un chevalier de Bourgogne, appellé messire Olivier de la Marche.

Pour lesquelles causes le Roy, soy trouvant chargé de ces cas, contre verité, comme il disoit, requeroit

  1. Le comte d’Eu : Charles d’Artois, prince du sang de France. Après avoir demeuré vingt-trois ans prisonnier en Angleterre, il revint en France en 1438. Il fut fort aime de Louis xi, parce qu’il n’avoit pas l’humeur arrogante de ses aïeux. Il demeura fidèle au Roi lorsque les principaux seigneurs quittèrent Louis xi pour suivre l’armée des princes en 1465. Conjointement avec Danois, il ménagea entre le Roi et le duc de Bretagne un traité qui fut signé à Saumur en 1469. Il mourut sans enfans le 25 juillet de l’an 1472, âgé de près de quatre-vingts ans. Jean de Bourgogne, comte de Nevers, son neveu, fut son héritier.
  2. Pierre, seigneur de Morvillier, de Clary el de Charenton, fils de Philippe de Morvillier, premierr président de la cour de parlement de Paris, auparavant président des parlemens du duc de Bourgogne ; il avoit reçu les sceaux le 3 septembre 1461 ; il les remit, e, 1465, à Guillaume Juvénal des Ursins, baron de Treinel, qui avoit été son prédécesseur.
  3. L’archevesque de Narbonne : : Anioine du Bec-Crespin, auparavant évêque et duc de Laon.
  4. Sur Rubempré, voyez l’Introduction.