La famille de Joinville étoit, dans le treizième siècle,
l’une des plus distinguées de la Champagne. Vers le
milieu du siècle précédent, Étienne, surnommé Devaux,
l’un des aïeux de l’auteur des Mémoires, devint
très-puissant. Il épousa la comtesse de Joigny, qui
lui apporta en mariage ce fief et plusieurs autres
seigneuries : ce fut lui qui fit bâtir le château de
Joinville.
L’oncle et le père du sire de Joinville s’étoient couverts de gloire, le premier, sous le règne de Philippe-Auguste, en suivant le comte de Flandre à la conquête de Constantinople ; le second, dans la minorité de saint Louis, en défendant la ville de Troyes contre les efforts réunis de presque tous les Seigneurs de France.
Jean, sire de Joinville, dont nous nous occupons, naquit, suivant Du Cange, vers l’année 1224. Pendant son enfance, il fut attaché, conformément aux usages de ce temps, à Thibaut IV, comte de Champagne, son seigneur, dont il se concilia la bienveillance par la gaîté de son humeur et par l’aimable franchise de