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TABLEAU


Conrad, fils aîné de Frédéric, s’étoit pressé, aussitôt après la mort de son père, de recueillir sa succession. Il avoit remporte en Italie de grands avantages sur Innocent IV, et s’étoit même emparé de Naples. Le Pape, que cette conquête effrayoit beaucoup, prit le parti d’offrir à Charles d’Anjou la couronne de Sicile : couronne que le frère de saint Louis crut alors devoir refuser, mais que nous lui verrons bientôt accepter. Au milieu de ses victoires, Conrad mourut subitement dans la ville d’Aviéto, en 1254, empoisonné, dit-on, par son frère naturel Mainfroy, qu’on accusoit déjà d’avoir fait périr Frédéric, leur père. Il ne laissoit pour héritier de ses droits en Allemagne et en Italie qu’un enfant de deux ans, nommé Conradin, qu’il avoit eu d’Elisabeth de Bavière. Cet enfant, dont le sort devoit être si malheureux, commença son règne sous les plus tristes auspices. Guillaume de Hollande, son compétiteur en Allemagne, étant mort quelque temps après, Richard, frère du roi d’Angleterre, et Alphonse, roi de Castille, furent appelés à l’Empire, et l’investiture du royaume de Sicile fut donnée à Edmond, l’un des fils de Henri III. Richard seul fit valoir ses droits en Allemagne ; Edmond, retenu par les troubles de l’Angleterre ne passa point en Italie, où le Pape soutint long-temps le fardeau de la guerre.

Berthold, marquis d’Hombrouck, avoit été chargé d’abord de la tutèle du jeune Conradin, et l’avoit mis sous la protection du saint Siège, pour fléchir le Pape. Mainfroy, dont l’ambition auroit été trompée si la paix eût été solide, accusé d’avoir fait périr le père et l’aïeul de cet enfant, s’empara de sa tutèle, feignit de se réconcilier avec Innocent, lui fît la