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HISTOIRE

mere, si n’eust esté l’aide de Dieu, qui jamais ne lui faillit. Car comme par permission divine, au grant besoing du bon Roy et à sa grant destresse, le conte Thibault de Champaigne s’esmeut à vouloir aller veoir le Roy. Et de fait, se partit avecques bien trois cens chevaliers moult bien en point, et arriverent à bonne heure, la grace à Dieu ; car, par le secour d’icelui conte de Champaigne, il convint au conte de Bretaigne soy rendre au Roy, et lui crier mercy. Et le bon Roy, qui nullement ne appetoit[1] vengeance, considera que la victoire qu’il avoit euë estoit par la puissance et bonté de Dieu, qui avoit promeu le vaillant conte de Champaigne à l’aller veoir, et receut le conte de Bretaigne à merci. Et lors alla le Roy seurement par son païs.

Pourtant que aucunesfoiz en aucunes matieres adviennent des incidens servans au propos, je laisseray ung peu le principal de ma matiere. Et ce nonobstant, icy orrez aucunes choses dont est besoing les reciter pour entendre le traité et matiere dequoy on veult parler. Et dirons ainsi, et verité. Le bon conte Hanry le Large[2] eut de la contesse Marie son espouse, qui estoit seur du roy de France, et de Richart roy d’Angleterre, deux filz, dont l’aisné eut nom Hanry, et l’autre Thibault. Celui Hanry s’en alla croisié en la Terre Sainte en pelerinage avecques le roy Phelippe et le roy Richart ; lesquelz trois assiegerent la cité d’Acre et la prindrent. Et tantoust qu’elle fut prinse, le roi Phelippe s’en revint en France ; dont il fut moult blasmé. Et demoura le roy Richart en la Terre

  1. Appetoit : désiroit.
  2. Le large : le généreux, celui qui fait des largesses.