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DE SAINT LOYS.

tendu que vous avez convenancé et promis à prandre à femme la fille du conte Pierre de Bretaigne. Pourtant vous mande que, si cher que avez tout quant que amez ou royaume de France, que ne le facez pas. La raison pourquoy vous savez bien ; je jamais n’ay trouvé pis qui mal m’ait voulu faire que lui. » Et quant le conte Thibault eut ce entendu, qui estoit ja parti pour la demoyselle aller espouser, s’en retourna à Chasteauthierry dont il estoit party.

Quant le conte Pierre de Bretaigne et les barons de France contraires du bon Boy, qui estoient attendans à Valserre, virent que le conte Thibault de Champaigne les avoit trompez et deceuz, tout subit[1] par despit, et en grant hayne que lors ilz conceurent contre icelui conte de Champaigne, ilz manderent la royne de Chippre, qui tantoust arriva à eulx. Et si toust qu’elle fut venuë, tout d’un commun assentement, aprés leur parlementer, ilz envoierent querir chacun de sa part tant de gens d’armes comme ilz en peurent avoir, et partirent en faiz d’armes pour entrer par devers la France és païs dudit conte Thibault, mesmement en Brie et en Champaigne. Et aussi avoient ilz intelligence avec le duc de Bourgoigne, qui avoit à femme la fille du conte Robert de Dreues : et que de sa part il entreroit en la conté de Champaigne par devers la Bourgoigne. Et à la journée assignée, qu’ilz se devoient tous trouver ensemble devant la cité de Troie, pour la prandre, le bon roy Loys le sceut, qui pareillement manda tous ses gens d’armes, pour aller au secour du conte Thibault de Champaigne. Et de fait, les barons ardoient et brus-

  1. Subit : aussitôt.