Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 2.djvu/246

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plaisir si vous nous alliez querir aide pour nous sauver les vies. Car la vostre est bien en aventure. » Et je disoie voir[1] ; car il en mourut de celle blesseure. Et tous furent aussi d’opinion qu’il nous allast querir secour. Lors lui laissé aller son cheval que je tenoie par le frain. Adonc s’en courut au conte d’Anjou, lui requerir qu’il nous viensist secourir ou dangier où nous estions. Dont il y eut ung grant sire avecques lui qui l’en voulut garder. Mais le bon seigneur n’en voulut riens croire, ains tourna son cheval, et acourut avecques de ses gens picquans des esperons. Et quant les Sarrazins le virent venir, ilz nous laisserent. Et quant furent arrivez, et virent les Sarrazins qui tenoient messire Raoul de Wanon, et l’emmenoient tout blecié, incontinant l’allerent recourir tout blecié, et en bien piteux point.

Et tantoust je vy venir le Roy, et toute sa gent, qui venoit à ung terrible tempeste de trompettes, clerons et cors. Et se arresta sur ung hault chemin avecques tous ses gensd’armes, pour quelque chose qu’il avoit à dire. Et vous promets que onques si bel homme armé ne veis ; car il paressoit par dessus tous depuis les espaulles en amont. Son heaume, qui estoit doré et moult bel, avoit-il sur la teste, et une espée d’Almaigne en sa main. Et tantoust qu’il fut arresté, plusieurs de ses chevaliers apperceurent en la bataille des Turcs grant quantité d’autres chevaliers, et des gens du Roy : et ilz se vont lancer parmy la bataille avec les autres. Et devez savoir que à ceste foiz-là furent faiz les plus beaux faiz d’armes qui onques furent faiz ou veage d’oultre mer, tant d’une part

  1. Voir: vrai.