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histoire

combatra à toi à tout trois cens mil chevaliers et hommes d’armes, et plus. Et avant que tu voises combatre l’empereur de Perse, tu requerras au roy de Tartarie qu’il te donne tous les prebstres, gens de religion, et autre menu peuple, qui est demouré de ceulx-là qu’il a prins en la bataille de Prebstre-Jehan : et ce qu’ilz te diront et tesmoigneront, tu le croiras. Car ilz sont de mes gens et serviteurs.» « Sire, fist celui homme, je ne m’en sçaurois aller si tu ne me fais conduire.» Et adonc le Roy se tourna, et appella ung de ses belles gens, et lui dist : « Vien çà, George, va t’en conduire cest homme jusques à son herbergement, et le rends a sauveté.» Et tantoust fut transporté celuy sage homme des Tartarins. Quant il fut rendu, tout le peuple et les gens de l’ost des Tartarins le virent ; ilz firent grant chiere à merveilles. Et tantoust il demanda au roy de Tartarie qu’il lui donnast les prebstres et gens de religion, comme lui avoit enseigné le Roy, qu’il trouva au hault du tertre. Ce qui lui fut octroié. Et debonnairement receut celui prince des Tartarins et tous ses gens l’enseignement de ceulx qu’on lui avoit donnez, et tous se firent baptizer. Et quant tous furent baptizez, il print seullement trois cens de ses hommes d’armes, et les fist confesser et appareiller. Et de là s’en alla assaillir l’empereur de Perse, et le convainquit et chassa hors de son Empire et de sa terre. Et s’en alla fuyant jusques ou royaume de Jérusalem. Et fut celui, qui depuis desconfit noz gens, et print le conte Gaultier de Brienne, ainsi comme vous orrez cy-aprés. Le peuple de ce prince chrestien se multiplia tellement, et fut en si grant nombre, ainsi que depuis je ouy dire aux