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histoire

Et de l’autre part je suis moult triste et dollant de cueur, dont il me convient lesser vos tres-bonnes et saintes compaignies, pour m’en retorner en court de Romme entre si desloiaux gens, comme il y a. Mais, je vous diray, mon intencion est de demourer encores ung an aprés vous en Acre, pour despandre tous mes deniers à faire fermer et clorre le faulxbourc d’Acre, tant que j’auray aucun denier ; affin qu’on ne me viegne riens impugner à reprouche, ne courir sus.»

Quant je fu retourné devers le Roy, le landemain il me commanda armer, et mes chevaliers. Et quant je fu armé, je lui demanday qu’il lui plaisoit que je feisse. Et adonc me dist, que je menasse la Royne et ses enfans jusques à Sur, là où il y avoit bien sept lieuës. Et de ce ne le voulu pas desdire, nonobstant que grant peril y eust à passer. Car nous ne avions lors nuyt ne jour treves ne paix avecques les Egipciens, ne à ceulx de Damas. Et nous partismes, et vinmes la mercy Dieu tout en paix, sans aucun empeschement, à Sur à couscher. Tantoust aprés, le patriarche et les barons du païs, qui longuement avoient acompaigné le Roy, voians qu’il avoit fermé Sajecte de grans murs, et fait faire grosses tours, et les douves curées dedans et dehors, s’en vindrent à lui, et lui rendirent humblement graces et loüenges des grans biens, honneurs et plaisirs qu’il leur avoit faitz en la sainte Terre. Car il avoit fait reffaire de neuf la cité de Sajecte, Cesaire, Japhe, et avoit moult enforcié la cité d’Acre de grans murailles et grosses tours. Et lui disdrent : « Sire, nous voion bien clerement que vostre demourée avecques nous ne peut plus durer