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variantes

conseil que le sire de Boulaincourt m’avoit donné.

(P. 322, lig. 6.) Après ces choses atirerent les freres au Roy leur navie[1], et les autres riches homes qui estoient en Acre. Au partir que il firent d’Acre, le conte de Poitiers empronta joiaus à ceulz qui r’alerent en France ; et à nous qui demourames, en donna bien et largement. Moult me prièrent l’un frere et l’autre que je me preisse garde du Roy, et me disoient que il n’i demouroit nullui en qui il s’atendissent tant. Quant le conte d’Anjou vit que requeillir le couvendroit en la nef, il mena tel deul que touz s’en merveillerent ; et toute voiz s’en vint-il en France.

(P. 342, lig. 24.) Ci-après vous dirai comment je ordenai et atirai mon affere en quatre ans que je y demourai, puis[2] que les frères le Roy en furent venus. Je avoie deux chapelains avec moy qui me disoient mes hores ; l’un me chantoit ma messe sitost comme l’aube du jour apparoît, et l’autre attendoit tant que mes chevaliers et les chevaliers de ma bataille estoient levés. Quant je avoie oy ma messe, je m’en aloie avec le Roy. Quant le Roy vouloit chevaucher, je li fesoie compaingnie. Aucune foiz estoit que les messages venoient à li : parquoy il nous couvenoit besoigner à la matinée.

Mon lit estoit fait en mon paveillon en tel maniere que nul ne pooit entrer ens[3], que il ne me veist gesir[4] en mon lit ; et ce fesoie-je pour oster toutes mescreances[5] de femmes. Quant ce vint contre[6] la saint

  1. Atirerent les freres au Roi leur navie : les frères du Roi préparèrent, firent préparer leur flotte.
  2. Puis : depuis.
  3. Ens : dedans.
  4. Gesir : couché.
  5. Toutes mescreances : toute fausse croyance, tout faux soupçon.
  6. Quant ce vint contre : quand on approcha.