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variantes

vouloit souffrir que le Roy hantast ne fust en la compagnie de la Royne sa femme, ains le defendoit à son pouvoir. Et quant le Roy chevauchoit aucunefois par son royaume, et qu’il avoit la royne Blanche sa mere et la royne Marguerite sa femme, communément la royne Blanche les faisoit separer l’un de l’autre, et n’estoient jamais logez ensemblement. Et advint un jour qu’eus estans à Pontoise, le Roy estoit logé au dessus du logis de la Royne sa femme, et avoit instruits ses huissiers de sale, en telle façon que quant il vouloit aller coucher avec la Royne, et que la Royne vouloit venir en la chambre du Roy ou de la Royne, ils battoient les chiens, afin de les faire crier : et quant le Roy l’entendoit, il se mussoit de sa mere. Si trouva celui jour la Royne Blanche en la chambre de la Royne le Roy son mary, qui l’estoit venue voir, pour ce qu’elle estoit en grant peril de mort, acause qu’elle s’estoit blessée d’un enfant qu’elle avoit eu : et le trouva caché derriere la Royne, de peur qu’elle ne le vit ; mais la royne Blanche sa mere l’apperçut bien, et le vint prendre par la main, lui disant : « Venez vous en, car vous ne faites rien icy.» Et le sortit hors de la chambre. Quant la Royne vit que la royne Blanche separoit son mari de sa compagnie, elle s’escria a haute vois : « Helas, ne me laisseres-vous voir mon Seigneur ni en la vie, ni a la mort ! » Et ce disant elle se pâma, et cuidoit-on qu’elle fut morte ; et le Roy qui ainsi le croioit, y retourna la voir subitement, et la fit revenir de pameson.

(P. 381.) Quant nous fumes partis de là, nous veismes une grant ylle, etc. (Même récit que le suivant.)